LETTRE D’OPINION: Les infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick méritent une convention collective équitable

Le 31 décembre 2023, les conventions collectives des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick sont arrivées à échéance — couvrant ceux et celles travaillant dans les hôpitaux, les foyers de soins, la santé publique, la santé mentale et les dépendances, ainsi que le programme extramural. Depuis, les infirmières et infirmiers attendent depuis beaucoup trop longtemps une entente équitable.

En septembre 2024, le gouvernement conservateur a présenté une entente de principe pour les infirmières et infirmiers de la Partie III. Quelques jours avant les élections provinciales, les infirmières et infirmiers l’ont rejetée. Ce rejet a envoyé un message clair : l’offre ne répondait pas aux besoins d’un personnel à bout de souffle.

Avant que le Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick (SIINB) ne retourne à la table de négociation en juillet, le Réseau de santé Horizon a perturbé le processus en annonçant des « changements transformationnels » à la santé publique et à la santé mentale et aux dépendances. Leur plan prévoyait de réaffecter 90 % des infirmières et infirmiers immatriculé·e·s de la santé publique aux hôpitaux et de les remplacer par des infirmières et infirmiers auxiliaires autorisés (IAA) — un changement majeur dans la prestation des services, effectué sans consultation. Le SIINB a déposé une plainte auprès de la Commission du travail et de l’emploi, dénonçant cette négociation de mauvaise foi.

Après une vive réaction du public et des pressions de la première ministre, Horizon a fait marche arrière. Mais le mal était fait. Les infirmières et infirmiers de la province se sont demandé : cela pourrait-il se reproduire?

Ils ne devraient pas avoir à se poser la question. Les infirmières et infirmiers méritent la stabilité, le respect, et un employeur ainsi qu’un gouvernement qui valorisent leur expertise — et qui ne les traitent pas comme des pièces interchangeables dans un système défaillant.

Lorsque le SIINB est retourné à la table en juillet, c’était de bonne foi. Mais après cinq jours, il était clair qu’aucune entente de principe ne pouvait être conclue. Nous avons suspendu les négociations, toujours déterminés à trouver une solution équitable.

Pendant ce temps, d’autres syndicats du secteur public concluaient et ratifiaient des ententes. Les infirmières et infirmiers ont été laissés pour compte encore une fois.

La vérité, c’est qu’aucun remaniement ne comblera les plus de 1 000 postes vacants d’infirmières et infirmiers au Nouveau-Brunswick. La propre mesure de « situation critique » de la province le prouve. Destinée à désengorger les hôpitaux en mettant en priorité les placements en foyers de soins pour les patients en besoin de soins alternatif, cette mesure a permis le congé de 59 patients — mais ces lits ont été remplis de nouveau presque immédiatement.

Ce n’est pas une solution. C’est un symptôme. Nous n’avons pas assez de foyers de soins, pas assez de lits, et pas assez d’infirmières et infirmiers. Et nous savions depuis des décennies que la demande allait exploser avec le vieillissement de la population. Comme je l’ai dit l’an dernier :

« Ces circonstances ne sont pas le fruit du hasard. Elles découlent du manque de respect de plusieurs gouvernements consécutifs à l’égard de la profession infirmière. »

Le Nouveau-Brunswick affiche maintenant le pire taux de rétention des jeunes infirmières et infirmiers au Canada. Huit sur dix quittent la profession avant l’âge de 35 ans. Il s’agit d’un taux d’attrition de 80 % dans l’un des domaines les plus en demande. La réponse de la province? Inadéquate, au mieux.

Une forte demande devrait se traduire par un meilleur traitement. Au lieu de cela, les infirmières et infirmiers font face à l’épuisement, au sous-effectif et à un manque de soutien significatif.

Ce n’est pas seulement une question d’infirmières et infirmiers. D’autres travailleuses et travailleurs du secteur public ont vécu des défis similaires. Les bibliothécaires, par exemple, ont récemment reçu des avis de licenciement dans trois districts scolaires — une décision qui a poussé le SCFP Nouveau-Brunswick à déposer une plainte pour négociation de mauvaise foi. Ces avis sont maintenant annulés, mais ils n’auraient jamais dû être émis.

Cela soulève une question : pourquoi la main-d’œuvre du Nouveau-Brunswick est-elle traitée aussi mal?

Il vaut la peine de réfléchir à une tendance plus large : plusieurs des professions les plus touchées par ces décisions — soins infirmiers, éducation, bibliothèques — sont majoritairement occupées par des femmes. Ce n’est pas toute l’histoire, mais cela soulève des questions importantes sur la manière dont nous valorisons le travail féminin dans cette province. On peut dire beaucoup de choses positives sur le Nouveau-Brunswick, mais une réalité demeure : notre province n’est pas à l’abri du climat de misogynie qui touche toutes les régions du monde.

Nous retournons à la table de négociation le 2 septembre. Notre objectif est simple : une entente équitable pour les infirmières et infirmiers.

L’objectif de ce gouvernement devrait être de mettre fin au cycle de manque de respect envers les infirmières et infirmiers qui sévit depuis des décennies. Notre système de santé ne peut pas se permettre de les perdre — et vous non plus.

Paula Doucet
Présidente, SIINB