Dons de plasma sanguin rémunérés

Le SIINB s’oppose fortement à la délivrance de permis d’exploitation de cliniques à but lucratif qui rémunèrent leurs clients faisant des dons de plasma sanguin.
Nous pensons que ces cliniques représentent un grand risque en matière de sécurité pour notre système d’approvisionnement en sang. Autoriser une entreprise privée à rémunérer les donneurs de plasma va à l’encontre des recommandations d’une enquête de quatre ans sur le scandale du sang contaminé où plus de 30 000 Canadiens ont contracté l’hépatite C et le VIH. Le rapport Krever formule des recommandations non équivoques qui doivent être suivies pour prévenir une autre tragédie de sang contaminé au pays.
Dans son rapport, le juge Krever recommandait que :
- « …le système canadien d’approvisionnement en sang soit régi selon cinq principes de base, [y compris] b) que les donateurs de sang et de plasma sanguin ne devraient pas être rémunérés pour leurs dons, sauf en de rares circonstances. [Krever, vol. 3, recommandation 2, p. 1047].
- « Le sang total, le plasma et les plaquettes doivent être recueillis en quantités suffisantes pour répondre aux besoins du pays en constituants sanguins et en produits sanguins. » [Vol. 3, recommandation 2, p. 1047].
- « Le plasma canadien devrait être fractionné isolément, en lots constitués uniquement de plasma canadien, conformément aux spécifications négociées entre les entreprises de fractionnement et le service national du sang. Ces spécifications devraient comprendre les exigences de fractionnement garantissant une plus grande sécurité et une meilleure qualité de produits. » [Vol. 3, recommandation 5, p. 1051].
Notre système d’approvisionnement en sang sera exposé à un certain nombre de risques si la Canadian Plasma Resources est autorisée à faire des affaires au Nouveau-Brunswick ou dans n’importe quelle autre province :
- Payer des donateurs pour leur plasma compromet la sécurité du plasma. En offrant une incitation financière en contrepartie de dons de plasma, les collectes de sang pourraient attirer des donateurs provenant de populations vulnérables et mettre en péril l’approvisionnement de plasma. Le don de sang ou de plasma sur une base volontaire est particulièrement important chaque fois que le système de collecte est exposé à une nouvelle menace infectieuse non identifiable à l’aide de tests de laboratoire. Le seul moyen de protéger le sang contre de telles menaces inconnues est la collecte de dons de plasma volontaires chez des citoyens en santé qui ne sont pas motivés à mentir sur leur état de santé par des incitations financières.
- Payer les gens pour leur plasma pourrait créer une concurrence à notre système du sang fondé sur des dons bénévoles. En effet, payer les gens pour leur plasma dissuade les dons de sang bénévoles, réduisant de ce fait notre approvisionnement global en sang. L’Alliance européenne pour le sang a démontré que cette concurrence entre les agences sans but lucratif de dons de sang bénévoles et les entreprises à but lucratif qui rémunèrent les donateurs a conduit à une pénurie dans l’approvisionnement en sang en Autriche et en Allemagne, en 2006 et en 2007. Une fois que la Canadian Plasma Resources sera titulaire d’un permis l’autorisant à collecter du plasma contre une rémunération, d’autres entreprises à but lucratif pourront demander les mêmes privilèges, ce qui augmentera la concurrence auprès des donateurs.
- Payer les donateurs de plasma ne crée pas l’autosuffisance pour le pays. Cela crée plutôt un système fragmenté et à deux vitesses pour la collecte de plasma. Tout le plasma que planifie de recueillir la Canadian Plasma Resources sera exporté aux États-Unis et mélangé à de grands bassins de plasma. Seul le plasma recueilli par la Société canadienne du sang et spécifiquement étiqueté pour usage canadien est fragmenté aux États-Unis puis ramené au Canada. La Société canadienne du sang dit n’avoir aucune intention d’acheter du plasma de la Canadian Plasma Resources.
Le SIINB appuie un système de don de sang et de plasma sans but lucratif et régi par l’État pour le Canada comme l’ont recommandé le juge Krever, l’Organisation mondiale de la santé, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que la Société internationale de transfusion sanguine.